En contretemps technologique, nous présentons cette exposition
qui délaisse l’image numérique au profit d’une technique ancienne bien que réactualisée.
En effet dans cette exposition collective toutes les photographies ont été réalisées
avec un objet très particulier, la « Tortuga 5 ».
Cet appareil de prise de vue, inventé et diffusé par
Luc Ewen , est de type « sténopé »
avec non pas un seul mais avec cinq trous. L’image, qui est de très grande
qualité photographique, est aussi très étonnante. A première vue l’image semble
être de nature panoramique. Cependant seul le rapport des dimensions peut donner ce change. En effet l’image
étant le résultat de cinq point de vue différent et non d’un seul l’oeil glisse de gauche
à droite sur l’image, et passe donc d’un point de vue photographique à un autre, avec facilité
grâce à des zones intermédiaires qui se comportent comme des fondus enchainés bien connus en vidéoprojection.
Or ces fondus enchaînés sont permanents et visibles à chaque
instant car ils sont partie intégrante de l’image, et cela contribue à créer cette étrangeté,
cet onirisme latent, voire cette poétique hélas trop souvent absente de la photographie, aujourd’hui.
La mise en perspective des travaux de chacun des auteurs présents
dans cette exposition permet de mettre en évidence ces caractéristiques particulières.
Si l’on s’arrête sur les travaux de Michel Medinger avec ses natures mortes « habitées
» ou sur les inventaires « écologistes » de Luc
Ewen, on ne peut que constater cette étonnante façon de montrer,
que ressentir cette forte intériorité des objets ou des corps captés par la « Tortuga ».
Livrée ainsi l’image vibre, bouge, capte l’attention du regardeur et finalement se donne à voir. Alain
Hervéou, probablement inspiré par sa série « Kérurus », a choisi d’utiliser
la « Tortuga » pour élargir son champ de vision sur
de larges espaces naturels et sub-urbains. Il est intéressant de constater
que ce type d’image très largement diffusé et médiatisé depuis des années
en Europe peut, grace à cet artifice de prise de vue, imprimer une certaine atmosphère et un peu de mystère
dans ces paysages trop souvent réputés pour leur froideur excessive...
La diversité des propos et l’originalité de ces travaux
méritaient bien que Vrais Rêves s’y intéresse et vous le propose. Maintenant, c’est là, sur nos cimaises,
et c’est à voir ! |