"Les Larmes de la Reine"
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Lenni van Dinther investit depuis plusieurs années le champ sémantique de la photographie. Son oeuvre s'articule autour des notions de "temps", de "matière". Pour elle, il s'agit de trouver des solutions plastiques les plus pertinentes pour mettre en image une notion abstraite. Son travail tend vers l'épurement des formes. La technique joue un rôle déterminant. En alchimiste, elle expérimente, ici des durées d'exposition à la lumière solaire, là tel dosage de pigment, ou encore remet au goût du jour la gomme bichromatée, le photogramme... De même, elle travaille sur différents supports : des papiers photographiques industriels, des papiers recyclés, des papiers d'emballage, etc. Ses photographies Noir et Blanc, tirées sur support argentique, ses photogrammes, se présentent en grand et petit format. Les images fonctionnent en diptyque le plus souvent.
"Les Larmes de la reine" (1993 - 1997) offrent au regard des surfaces immaculées, épurées, des transparences opaques, mates, laiteuses ou à l'inverse abyssales. Chez elle, le souci de compacité est permanent. De cette mythologie noire, surgissent des formes courbes, douces. En s'approchant , nous avons l'intime conviction d'en reconnaître certaines résonances, certains objets : pétales de tulipes, feuilles de lilas...
Voici donc livrés au regard un pur produit d'une imagination...
"Les larmes de la Reine" de Lenni Van Dinther expriment la peine, la douleur, la souffrance qui surviennent à certains moments de la vie. Elles sont là pour rappeler ce qu'elle nomme "un songe voilé de larmes, un lointain monde inimaginable et en quelque sorte, le silence avant l'invisible"... Elle cite volontiers Meret Oppenheim : "To permit the development of the sharp instrument of the intellet, other traits had to be ignored. So much so, that I think we are now suffering the dire consequences of having neglected these other qualities. I am talking about feelings, intuition, wisdom." ( M. Oppenheim, January 16, 1975, in her adress on the occasion of the presentation of the City of Basel Art Prize). Il est des qualités essentielles qui ont été négligées, des traits qui ont été ignorés. Nous en souffrons, et en ressentons le manque. Aussi il nous appartient d'envisager à nouveau ces données. Les "larmes" sont autant de tentatives répétées d'échapper aux apparences, pour s'enfoncer plus avant dans la matière. Une matière périssable à l'extrême.
Comme pour prolonger cet instant, ces sensations, ces espaces d'émotion pure, cette liberté retrouvée, elle use de nouveaux matériaux. Un métissage rendu possible par le désir d'impulser de nouvelles directions. Les branches fines enduites de bitume puis recouvertes de cendres, invitent à pénétrer dans l'infinie complexité unifiante des images. Il se dégage de ces éphémères constructions, un sentiment de finitude extrême. Le monde ainsi imaginé paraît clos. On pense alors au phénix qui se brûlait lui-même sur un bûcher pour renaître de ses cendres...